Artistes
Le monde est une fête et il s’agirait que tu t’en souviennes. Pour ce faire, rien de mieux que de se poser cinq minutes avec toi devant les dessins de la New-Yorkaise Lauren Martin. Te montrer comme cette tranche de pain de mie est heureuse, te laisser écouter le rire enchanteur de cette brosse à dent et t’inviter à prendre du bon temps avec ce ballon de foot aux yeux malicieux. Car voilà, Lauren Martin ne limite pas la félicité aux simples êtres vivants. L’illustratrice, diplômée du New York’s Fashion Institute of Technology, fait des objets du quotidien des compagnons mignons au bonheur facile. Anthropomorphisme et dynamisme ravageur sont les deux jambes sur lesquelles le travail de l’Américaine gambade, court et saute de joie. Un rappel bienvenu qu’il est toujours possible d’être heureux. Même quand on est une bouteille de ketchup.
Les dessins de Liam Cobb s’avancent vers nous à pas de loup. Sans bruit, ils parviennent jusqu’à nos yeux et alors qu’on les contemple avec sérénité, les voilà qui nous attaquent à pleines dents. La sensation est fulgurante. Un monde se déploie, grandiose, avec ses perspectives fuyantes, ses paysages monumentaux, ses architectures arrogantes et son atmosphère de catastrophe en suspens. Le spectateur est happé, projeté sur ces nouvelles terres pleines de promesses et dangers. Le trait est pur et les compositions diaboliques. À la précision de sa ligne claire, le Londonien ajoute la minutie du détail et la puissance de couleurs dont on ne sait si elles reflètent quelque magie de la nature ou les élans de l’âme de l’illustrateur. Perturbant et magnifique, le travail de Liam Cobb se veut à la fois chien et loup.
À la fois doux et percutant, le travail de Jérémie Moreau se développe dans l’art du paradoxe. Décors à contempler et actions à découper se confondent dans le discours du diplômé de la HEAR. C’est ainsi qu’il parvient dans le même temps à dépeindre les affres de l’humaine essence et à dessiner les lueurs d’espoir que celle-ci garde au fond d’elle. Ses paysages et personnages se fondent en un grand tout pour faire émerger le grandiose et le mesquin, le possible et l’inévitable. La ligne claire de son trait et les couleurs affriolante de ses compositions rendent alors accessibles des pensées hautes sur notre condition de vivant et engage notre réflexion sur les problématiques métaphysiques de notre temps. Et puis, on ne va pas se le cacher, c’est quand même vraiment très beau.
Les illustrations de Saitemiss – alias Jhong Yi-Ting – ne se situent pas dans le même espace-temps que le nôtre. Elles volent quelque part entre ciel et terre, se déroulent dans l’interstice entre une seconde et la suivante. Et dans cette dimension étrange, les personnages de la Taïwanaise peuvent alors se laisser aller à leurs sentiments les plus profonds. Dans une cascade de couleurs câlines, les visages se figent, les yeux s’embuent et les cœurs s’effritent. Le trait fin de la dessinatrice appuie à peine : quelques lignes, ci ou là, pour rappeler la réalité de ses personnages dans ce flot perpétuel d’émotions. Dépouillés du superflu et du palpable, ces anges peuvent alors donner la pleine mesure de leur puissance évocatrice, dans la matière éthérée dont sont faites les rêves. Attention, vous quittez terre.
Depuis Francfort-sur-le-Main, Benedikt Luft compose des œuvres au flirt permanent entre le dedans et le dehors, les formes et le trait, le graphisme et l’illustration. L’œil ne doit pas s’attendre à chômer pour percevoir toutes les finesses du travail de l’Allemand. Bien sûr, il ne dédaigne pas la force de l’immédiateté, jouant du contraste et de l’efficacité de la ligne comme le virtuose qu’il est. Mais il faut pourtant bien suivre les contours, se décoller de l’instantané pour deviner les différentes réalités plastiques qui se superposent, les ombres qui deviennent lumières, l’arrière-plan qui s’affiche en personnage principal. Benedikt Luft offre en somme au regardeur un aller-retour visuel dont chaque virage est un paysage à observer minutieusement.
Les illustrations de Thomas Merceron ne se situent pas au début de l’histoire. Ni à la fin. Elles nous jettent au milieu du drame, là où tout se noue, où les problèmes passés prennent une nouvelle envergure et où la résolution commence à peine à pointer le bout de son nez. Nous sommes dans le pendant : ni avant, ni après, du pur présent. Le diplômé de l’ENSAD parisienne a le trait net et pur pour créer un drôle de paradoxe dont lui seul à le secret, une sorte de dynamisme contemplatif, une pause au cœur de l’action, le silence entre deux battements du cœur. Son style suranné dont les résurgences ligne claire ne sont pas à dédaigner et son usage du noir comme boussole de ses compostions terminent de plonger le regardeur dans l’œil du cyclone. Un peu après l’avant et juste avant l’après.
Saehan Parc dessine des formes et par miracle, cela crée la vie. Armée de son normographe, elle remplit ses feuilles d’ovales, de ronds et de carrés, jusqu’à ce tout ce petit monde géométrique s’anime d’humour, de tendresse et d’absurdité. La rigidité mathématique laisse alors place à l’émotion de la coréenne, qui vient remplir ses blancs avec des couleurs lâchées, mordant les lignes et s’accouplant à qui mieux-mieux. En ressort une esthétique à nulle autre pareille, chérissant le net comme le fluide, la grâce aussi bien que la candeur et l’efficacité autant que la contemplation. L’ancienne élève de la HEAR étire les paradoxes et raccroche les contraires pour créer sa propre symphonie. Tout en harmonie.
Quelques traits fins et une ribambelle de couleurs apaisées. Voilà les outils que Romane Granger met sur la table pour démarrer son tour de magie. Avec une habileté rare et un sens de la composition aiguisé, elle dispose sur la page blanche de quoi créer depuis le néant un chemin vers les dimensions où la raison n’est plus. La Parisienne a le dessin ésotérique et hypnotique, celui qui fait croire que la vérité est ailleurs et que s’y confronter demande courage et abnégation. Ce défi, le regardeur se doit de le relever. C’est que la diplômée d’Olivier de Serres vous réserve, sous son masque mystique, les beautés les plus profondes. Animatrice, illustratrice et bédéaste, Romane Granger multiplie les mode de transport pour nous mener au-delà du réel. Elle ouvre, ainsi, les portes de la perception.
Pour le duo de Breda, le monde n’est pas si compliqué. Il suffit de trouver le chemin adéquat pour nous l’expliquer. Rob & Robin ne cessent d’en créer de nouveaux, des chemins, de beaux sentiers clairs et salvateurs qu’ils défrichent grâce à leur goût pour la synthèse et leur art qui dit tant en si peu de trait. Les illustrateurs et animateurs hollandais manient les couleurs franches, les formes évocatrices et le trait pur pour nous offrir, dans les pages des journaux qu’ils subliment, de quoi étancher notre soif de connaissance et notre amour de la rigolade. Leur savoir-faire graphique imparable vient alors rendre aux idées leur pleine puissance tout en s’assurant que le message sera capté cinq sur cinq. Bien reçu, terminé.
L’orchestre est prêt, la symphonie peut commencer. Jouez plantes luxuriantes, résonnez sauvages bestioles, vous êtes entre les mains de la cheffe Orane Sigal, experte en l’art de faire rugir la nature. La Lyonnaise aime que ça chante, que ça trompette et que la musique de ses pinceaux enflamme la toile. Partisane des couleurs explosives, celle qui a désormais sa propre galerie – La Sigalerie – sait comme peu manier les percussions chromatiques et les accords de motifs extravagants. Le souffle créer par ses dessins exotiques est un typhon qui frappe en pleine poitrine celui qui a le bonheur de poser ses yeux dessus. Echevelé, le spectateur en redemande, désormais accroc à ces rythmes ravageurs et à ses chevauchées picturales. Pas d’inquiétude, Orane Sigal en a encore sous le coude, prête à vous plonger mille fois encore dans ces harmonies d’un autre monde.
Lui, c’est l’Asie. Celui qui est en tant normal graphiste et designer s’est pris les pieds dans ces pays enchanteurs et utilise ses talents de dessinateurs pour en dépeindre les recoins urbains. Mathieu Surrel – par ailleurs co-fondateur de l’excellent festival Bourrage Papier – s’amuse ainsi à nous ébaubir de ces paysages citadins à la fois si familiers et si étranges. Et si l’on plonge avec lui dans ses rues fines aux buildings immenses, c’est que le Lyonnais maîtrise sa ligne et ses ombrages. Perspectives gargantuesques et méticulosité redoutable sont au menus de ces images réalisées en noir et blanc, figeant pour l’éternité ces décors que l’on sait perpétuellement mouvants. L’ancien étudiant de l’Université de Nîmes nous invite à une balade les yeux écarquillés, pour pas cher en empreinte carbone. Suivez le guide.
Comme une brise printanière qui serait passée outre les injonctions brûlantes du réchauffement climatique, les dessins de Kristina Tzekova viennent caresser les pupilles du regardeur, leur apportant fraîcheur et sérénité. Les crayons de couleurs de la Belge soufflent sur la feuille leur rassurant point de vue : celui des petits rien qui font les grands tout. Un mouvement, une lumière, un regard, tout est bon à prendre pour celle qui s’attache à retrouver le merveilleux dans l’ordinaire, à cueillir le jour pour de vrai. Ces seconds rôles qui trahissent la beauté de la vie, Kirstina Tzekova en fait les acteurs principaux de son travail et leur rend un hommage vibrant, tout en délicatesse. Y a pas de mal à se faire du bien.
Klara Graah est de ces illustratrices dont on perçoit immédiatement l’amour qu’elle porte à son art. Dans un jeu perpétuel de formes et de couleurs, chacune de ses images est une possibilité pour elle de tester de nouvelles combinaisons, de changer les termes de l’équation, de secouer la boîte à idées pour voir ce qui en ressort. Connue pour ses aplats colorés et ses traits rares, elle s’aventure aussi très régulièrement vers un crayonné plus instinctif et un usage du dégradé assumé. Dans tous les cas, son humour et son style ludique emportent la partie pour offrir des œuvres à la lisibilité immédiate et à la tendresse infinie. La Danoise aime dessiner et rien ne nous rend plus heureux.
L’homme que l’on surnomme Human Egg – ce n’est évidemment pas un vrai nom, allons – a une passion à côté de laquelle il serait difficile de passer : la musique. Le Québécois de Québec a en effet la grâce d’exercer son talent pour les groupes qui lui ravissent les oreilles. Affiches, pochettes et tout le barda sont donc le quotidien quasi exclusif de celui qui sait faire sonner ses dessins. Car ce choix n’est pas totalement dénué de sens lorsqu’on observe attentivement le travail du Canadien. Une ligne chaloupée, des jeux de contrastes et un goût certain pour le psychédélisme d’atmosphère accompagne admirablement les circonvolutions des harmonies et les battements des percussions. Musique, maestro.
À l’instar de son auteur, les illustrations d’ Hugo Le Fur sondent l’art de la polyvalence. Celui qui est, dans le désordre, dessinateur, bédéaste, VJ, animateur et artiste numérique, n’aime rien d’autre que de mélanger les genres, les techniques et les idées. Son travail, naturellement, s’en ressent. Patchwork de styles tâtant aussi bien du côté de la figuration que de l’abstraction, son dessin jette sur la feuille silhouettes et traits esseulés, couleurs éparses et représentations fignolées. Et miraculeusement, les contraires s’attirent. De ces électrons libres l’ancien élève d’Olivier de Serres fait un tableau à la justesse troublante et dont la diversité donne la puissance esthétique. Aérienne et bavarde, perfectionniste et instinctive, l’œuvre singulière d’Hugo Le Fur a le pluriel envoûtant.
Les images de Dominic Kesterton ont pour elles la force de la tranquillité. Loin d’elles les nervures appuyées des gros muscles ou les vacarmes des hurleurs. Le dessinateur anglais préfère à la rage crayonnée une certaine idée du minimalisme et à l’abondante fluorescence un climat chromatique apaisé. C’est qu’il ne lui en faut pas beaucoup à l’illustrateur et peintre pour délivrer son message et en ficher plein la vue. Formes simples et perspectives déviantes se donnent la main pour permettre à l’extraordinaire clarté du dessin de Dominic Kesterton de faire jour au premier regard. L’impact est immédiat et d’autant plus puissant qu’il est le fait non d’une agression mais d’un câlin esthétique. Laissez-vous aller.
Le duo allemand Yeye Weller propose à sa carte un cocktail détonnant dont vous nous direz des nouvelles. Anthropomorphismes improbables et joie explosive sont les ingrédients principaux de leurs concoctions où l’humour gagne à tous les coups. Ces petits alchimistes du verbe et de la ligne n’ont de cesse d’exposer à nos yeux gourmands leurs compositions d’où s’élèvent le doux parfum de du bien-vivre et de la bienveillance, généralement accompagnées d’un slogan salvateur à la typographie savamment réalisée. Aux couleurs chatoyantes et séductrices viennent s’ajouter les courbes d’un trait net lorgnant vers les esthétiques nostalgiques de la publicité et des comics américains. Climax de la feel good illustration, leur travail zigzague entre les références pour proposer un chemin pavé de briques jaunes. N’hésitez pas à être heureux.
Laho a choisit de prendre comme sujet de ses dessins le cosmos dans son entier : un magma bouillonnant fait de condition humaine, de forces de la nature et des puissances ésotériques qui balaient régulièrement nos affects. Pour capter ce grand tout, la Trévoltienne ne peut évidemment pas se contenter du minimalisme. Ainsi, ses œuvres explosent en mille couleurs éclatantes, en coup de pinceaux lâchés et en lignes qui ont l’air de ne jamais finir. On ne regarde pas les dessins de Laho, on y plonge tout entier. L’apnée provoquée a paradoxalement tous les pouvoirs d’une respiration salvatrice, offrant une vision neuve et régénératrice du monde tel qu’il va. Prenez de la hauteur, Laho nous donne à voir la grande image.
Pour Anna Maria Riccobono, le corps n’est pas une mince affaire. Sur ses œuvres, il s’étale, se languit, prend toute la place et attend qu’on l’écoute. Le trait fin de la Lyonnaise et les grands pans de couleurs qui le figurent nous font tendre l’oreille. Et qu’entendons-nous ? Ses désirs et ses pudeurs, ses cris et ses murmures, ses indignations et ses fiertés. Dans tous les cas, la main d’Anna Maria Riccobono nous le montre dans son entièreté, en affirme sa beauté plurielle et diverse, s’en fait le porte-voix. Ainsi, sous l’élégance apparente des dessins de l’ancienne diplômée d’Émile Cohl, on perçoit le chant glorieux des revendications émancipatrices : tous les corps sont beaux.
Les dessins de Camille Jourdy, autrice d’utilité publique, ne sont que joliesse pour le regard et baume pour l’âme. Faut-il être insensé pour fermer les yeux sur la délicatesse de son dessin, être sourd au bruissement subtil de sa ligne fine, se dire rétif à la douce odeur qui émane de ses chaudes couleurs. La Lyonnaise polit sans flemme la gemme reflétant le spectre de nos émotions, matifiant les passions tristes pour mieux vernir les sentiments joyeux. Le trait tendre avec lequel l’ancienne diplômée de la HEAR strasbourgeoise dépeint les tribulations de ses personnages et ses lieux parvient alors sans peine à venir toucher les cœurs des regardeurs. Petit à petit, avec simplicité et soin, Camille Jourdy rebouche nos fêlures.
La réalité, c’est pas vraiment le truc de Stefan Glerum. À celle-ci, le dessinateur hollandais lui préfère les glorieux récits de science-fiction du siècle passé, ses machines dantesques et ses rêves de futurs impossibles. Le voilà utilisant mécaniques et techniques pour monter pièce après pièces des engins roulants, volants, pétaradants, tout droit issus des années qui ne viendront jamais. On a peur du vacarme mais les illustrations du Hollandais sont au contraire de ses artefacts : d’une douceur infinie. Pour cela, il convoque les mouvements artistiques du xxe, depuis le futurisme jusqu’à la ligne claire des années 80, Joost Swarte en tête. C’est alors que, depuis ces monstres de fer, l’élégance surgit.
L’être humain n’est pas fait d’un seul bois. La preuve dans les illustrations de Staselè Jakunskaitè qui se jouent des apports immémoriaux de l’anatomie. Les individus peuvent avoir ici des têtes de champignons, des corps de rennes ou disposer de fenêtres intérieures. L’architecture peut également en prendre pour son grade quand immeuble est fait d’eau ou qu’une maison se transforme en le meilleur des humus pour plantes gigantesques. De son trait fin et de ses couleurs granuleuses, la Vilnoise ne figure pas ce qu’on voit mais ce qui est, dans une grande ambition métaphorique. L’élégance de son graphisme vient ici en soutien à une vision du monde poétique dont la lisibilité esthétique renforce sa puissance évocatrice. À présent c’est sûr, une image vaut mieux qu’un long discours.
Voici venu le moment de la pause fraîcheur. Il faut savoir profiter des instants de répit que nous offre Romane Bonsoir avec son travail qui lie les émotions du quotidien avec la mignonnerie décomplexée. Les illustrations et tatouages de la Lyonnaise manipulent les formes rondes et les couleurs caressantes pour faire des éléments les plus communs de la vie de drôles de petites choses rebondissantes. Ces saut de cabri viennent directement dynamiser notre petit cœur tout mou, rouillé par les larmes et affaibli par notre désœuvrement. Alors, ragaillardis par cette lampée de joie de vivre que nous offre Romane, nous pouvons repartir à l’assaut d’un futur désormais un poil plus enthousiasmant.
Rémy Mattei manie comme peu les pleins et les déliés, le velours et le fer, la puissance et la cajolerie. Ses tatouages offrent déjà un aperçu de cet art délicat de l’ambivalence avec ses volutes au noir déterminé et ses arabesques au langage fleuri tournant parfois sans prévenir vers les coteaux de la mignonnerie et l’anthropomorphisme rigolard. Sur papier, où les couleurs regagnent du terrain, l’ancien étudiant d’Émile Cohl reprend du poil de cette bête qui mord autant qu’elle ronronne. Postures définitives et palette doucereuse se marient dans des œuvres où la force devient ridicule et où les émotions subtiles cassent la baraque. Avec Rémy Mattei, le chaud et le froid fraternisent dans des images où le tiède n’existe pas.
Au commencement étaient les couleurs. Fortes et franches, elles venaient se percuter de plein fouet dans un grand concert de contrastes attrayants et de chocs chromatiques. Philippe Lindeman choisi de leur ajouter du sens grâce à une ligne pure, séparant les formes et leur conférant une existence propre. C’est alors que le dessin se mit à raconter des histoires, à nous dire la pensée foisonnate de cet artiste d’Utrecht dont le talent devenait de plus en plus évident à mesure que ses productions se multipliaient. L’œuvre de Philip Lindeman est désormais un bienfait pour les yeux des hommes et des femmes, feux d’artifice de couleurs, fourmillements de personnages et puits sans fond d’histoires et de situations absurdes. Philip Lindeman est un créateur, un vrai.
La mâchoire pend invariablement à la vue du travail de Nolan Pelletier. L’art du Torontois impressionne, fascine, hypnotise. À peine a-t-on posé le regard sur l’une des œuvres que notre œil s’y trouve coincé, obligé de passer les minutes suivantes à l’observations minutieuse des mille et un éléments qui composent l’image. Dans ses grandes compositions aux allures combinées de fresque antique, d’enluminure médiévale et de tapisserie épique, le Canadien se joue du mariage des couleurs pour mieux phagocyter l’esprit des âmes pures. Symétrie ravageuse et motif labyrinthique finissent d’halluciner totalement le pauvre badaud qui prendra de plein fouet la puissance de ce feu graphique. Et pendant ce temps, sa mâchoire reste pendue.
Marco Quadri, c’est le patchwork. Le bazar bien rangé. Le multiple unifié. Son amour pour les motifs et les trames, son goût des couleurs tranchés et son refus de la perspective cavalière offre un monde où tout se côtoie et se complète dans une grande ronde graphique. Une sorte de vivre-ensemble bien huilé par le trait clair de l’Italien et qui permet à l’œil du regardeur de savourer sans nid-de-poule des images finement achalandées et à l’harmonie savamment orchestrée. Dans ce foisonnement visuel, chaque recoin sait sa partition et participe au grand récit que celui qui est également un joli bédéaste ne manque jamais d’inoculer à ses dessins. Un récit choral qui parle d’une seule voix.
Pour représenter les fulgurances de la nature, Manon Diemer n’est pas avare de traits et de temps. Artiste du ressenti et de l’air pur, elle use de toute la minutie du monde pour nous transporter vers les paysages réels ou imaginaires qu’elle visite sans cesse. L’extrême précision de cette ancienne élève des Gobelins parisiens n’est pas le seul moyen par lequel elle fait s’évader notre esprit. La Rochelaise n’hésite pas piquer les trucs et astuces de la photographie – qu’elle pratique assidûment – pour les réinjecter dans ses compositions au cadre travaillé et à la lumière rayonnante. Une proposition artistique à laquelle il serait dommage de ne pas succomber, elle qui semble à chaque instant nous susurrer la douce mélodie de l’escapade fantastique. Bien vite, d’ailleurs, nous fredonnons avec elle.
Par petites touches, ils vivent. Luis Mazón accole et parsème les éclats de couleurs afin de parvenir, non pas à l’exactitude inepte, mais à la représentation idoine. Spécialiste des portraits, le Barcelonais parvient à faire vibrer ses modèles, à faire du dessin statique une ode au mouvement et à la chaleur humaine. Nous sommes bien dans le domaine de la magie quand quelques coups de pinceau sur une surface plane donnent une âme à ceux qu’ils dessinent. C’est que la main de l’auteur que nous sentons dans chacune de ces traces parvient à transmettre sa sève qui parcourt alors les objets qu’elle reproduit et les personnages qu’elle figure. Et par petites touches, ils vivent.
Le nez oblong, les lèvres conséquentes et le visage ovoïde : voilà le portrait-robot des figures que Justė Urbonavičiūtė alias Kissi Ussuki plonge dans la folie douce de son imagination. Avec une palette déclinant le plus souvent les mille nuances du rose, la Lituanienne s’applique à rendre les sentiments légers et les fortes émotions qui traversent la vie de tout un chacun. Son dessin fantasque et joyeux vient épouser au plus près les aléas de l’esprit, sans se soucier aucunement du réalisme des situations, bien trop barbant pour une artiste de cette trempe. L’illustratrice autodidacte préfère accorder à ses personnages une liberté totale dans l’expression de leurs ressentis, usant volontiers de dysmorphie, de mutations et de fusions delurées. Un détour par l’impossible pour mieux dire le vrai.
Le doigt haut levé et le sourire radieux, Johanna Burai a vite été repérée par les dieux des arts visuels lors de la grande distribution des talents. Résultat : ils lui ont déversé sur elle tout ce qu’ils avaient dans les poches. Ainsi donc, elle est une graphiste adoubée par les noms les plus chics grâce à une science de l’impact et une recherche permanente de la nouvelle voie. Mais elle est aussi une illustratrice dont les crayons de couleurs voltigent sur la page, figurant les stars de notre temps avec la maîtrise la plus inconcevable et une science de la mise en scène certaine. Grace à son grain inimitable, la Suédoise réalise nos rêves de gossip les plus inavouables. C’est un don précieux.
Harriet Yakub n’est pas une menteuse. Elle n’ira pas enrober notre quotidien d’une couche de vernis sucré pour en cacher le goût faisandé. Toutefois, elle ne sombre pas pour autant dans la noirceur. Bien au contraire. Les dessins colorés de l’Irlandaise, pétrits de traits visibles qui témoignent de leur indéniable humanité, reflètent ce qui fait le sel de la vie, ses détails intrigants, ses absurdités habituelles, ses contradictions attachantes. En représentant, souvent avec beaucoup d’humour, ces anicroches existentielles, Harriet Yakub décrit ce qui fait l’individu d’aujourd’hui. Elle pose devant lui un miroir dont la réflexion nous plonge dans notre réalité toute crue. Un discours vrai.
Il ressort, des illustrations de Gvidas Pakarklis, un je-ne-sais-quoi d’intemporel. Les figures mythologiques viennent y discuter des aléas de notre monde actuel, le tout sur un fond que ne renieraient pas les artisans du Bayeux médiéval. Pourtant, le Lituanien n’est pas professeur d’histoire et encore moins un copieur. La mixture jolie qu’il concocte depuis sa table de travail est une alliance fraîche et bienvenue, impulsant vie et grandeur aux thématiques qui lui sont chères. Le trait vif et les couleurs vivifiantes qu’il brasse emportent le regardeur dans un tourbillon aux allures de fête grandiose, de rituels ésotériques et de fin du monde imminente. Espoirs et réalisme ne se confrontent pas, ici, mais se serrent la main pour donner aux dessins de l’ancien étudiant de Fairmouth, le goût d’une vérité qu’on devine éternelle.
Il n’y a aucune honte à avoir un ami imaginaire. Floor van het Nederend ne se cache pas, lui. Voilà bien longtemps que ce musicien et skater a rencontré Malvin, au détour d’une feuille blanche. Depuis, c’est l’amour fou, le chat devenant le prétexte, pour le dessinateur hollandais, d’imaginer des décors toujours plus époustouflants pour les aventures de son cher félin. La ligne claire de l’Amstellodamois balade ainsi ce copain noir et blanc depuis l’aridité des déserts subsahariens jusqu’aux paradisiaques plages de quelque île perdue. Nous, témoins de cette indéfectible amitié, en profitons pour admirer la capacité de Floor van het Nederend à transporter ses spectateurs et leur faire goûter la saveur de ces destinations lointaines. Alors, tremblants, nous lui demandons s’il veut bien devenir notre ami.
Les mains battent l’air mais rien n’y fait. Le brouillard est tenace dans les illustrations d’Elenor Kopka. À bien y réfléchir, le dissiper ne servirait à rien. Le flou et le grain qui font la marque du travail de la néo-Lyonnaise est précisément ce qui lui confère toute sa force. Ainsi embué, le regardeur est projeté dans un monde dont il n’a ni les repères ni les codes. Le voilà perdu dans les songes de l’Allemande d’origine, nu face à des individus aussi déroutants qu’attachants. Car il est là, le cœur des illustrations et animations d’Elenor Kopka : le design de personnages. Ainsi, dans ses environnements troubles, nous voilà amenés à nous présenter face à ces drôles de gus à la morphologie dissonante et à la mignonnerie redoutable. Et, perdus dans la poisse, nous faisons la rencontre du troisième type.
Dalkhafine est de cette espèce d’artiste qui vient déchirer le sombre rideau que l’air du temps met devant nos yeux. Par l’ouverture ainsi créée, on vient redécouvrir de drôles de concepts que l’on croyait disparus : l’espoir, par exemple, ou même la joie de vivre. La faute, déjà, à une palette de couleurs plutôt vivace et à un trait noir aussi net que riant. Mais ce n’est pas tout. Sur ses murales, dans set de VJ ou plus simplement sur le papier, la Franco-Canadienne n’a de cesse d’agripper la vie par le bon bout, multipliant les références pop, les poses fières et les fleurs prêtes à éclore. Parce qu’elle nous offre, le temps d’un regard, une ouverture vers un autre monde possible, Dalkhafine est d’utilité publique.
Il est une chose qu’on ne pourra pas enlever à Carole Barraud, c’est son inestimable fraîcheur. Tout, dans ses dessins, revivifie le corps et l’esprit. Ceux-là, assommés par la touffeur des actualités, ont trop souvent tendance à piquer du nez. C’est alors que l’art de la Lyonnaise vient à point nommé les tirer de leur torpeur grâce à ses belles couleurs et ses formes simples. Deux outils qu’elle manie à la perfection, leur imposant toutes les combinaisons possibles, tous les agencements les plus désirables. Ainsi, les joies simples de la vie se retrouvent étalées au grand jour et dans leur plus beaux atours pour révéler le bonheur comme cette évidence qu’on avait trop vite oubliée. De cette partie de plaisir, la championne Carole Barraud ressort éternelle vainqueur.
Laura Callaghan sait voir ce qui se trame autour d’elle. Et partout où se pose son regard, elle voit des femmes, des reines, des puissances agissantes, sans tabou et sans peur. Dans ses dessins où pullulent les indices de ce super-pouvoir s’affirme sans cesse la volonté de représenter la diversité des destins et le courage qui permet de les vivre. À la fois frontales et subtiles, les illustrations de l’Irlandaise accrochent dès le premier coup d’œil tout en se dégustant sur le long terme. Couleurs percutantes et lignes pures permettent cette approche directe quand le foisonnement des éléments invitent à décortiquer la complexité d’un discours qui ne nie pas la singularité tout en affirmant son universalité. Comme dans la vraie vie.
Il y a le monde réel et puis il y a celui d’Asya Demidova. Il y a cet agencement plus ou moins ordonné de béton, d’obscurité, de dur. Et puis il y a cet éther fait rondeurs, de couleurs cajoleuses et de personnages attachants dans lequel flottent les travaux de la Dublinoise. Pour créer cet univers molletonné, l’ancienne étudiante de l’Université du Hertfordshire embrasse une multitude de techniques, mixant la 3D et la 2D, l’animation et le graphisme, le dessin manuel et la composition numérique. Cet alliage donne à ses compositions le goût sucrée de l’inattendu en même temps qu’il n’oublie jamais d’offrir une cohérence solide, tremplin vers un discours lisible qui est au cœur de son travail d’illustratrice. Bienvenue dans son monde.
Comme nombre d’entre nous, Arabella Simpson accumule. Les choses, les souvenirs, les obsessions. À la différence de nombre d’entre nous, Arabella Simpson en fait quelque chose de beau. Ainsi, ses dessins sont-ils le moyen pour elle de ranger sur le papier le bazar insondable qui s’amoncelle dans sa tête et – on l’imagine – sur ses étagères. En résulte des affiches à la composition chaloupée et aux couleurs audaceuses où viennent converser entre eux les dernières amours graphiques de l’Anglaise. On y trouve des conserves de thon espagnoles et des héros de la pop-culture japonaise, le logo de Miko et M. Malchance, Hamtaro et un ballon de basket bien vivant. Des références par centaines que la fière habitante de Ludlow, dans le comté de Shropshire, fait siennes grâce à un trait libre et une tendresse infinie. Une œuvre hors du commun.
Anna Degnbol c’est le charme. Un charme première définition, celui qui nous vient de forces inconnues, cette magie primale alimente les songes depuis la nuit des temps. L’imperceptible langueur qui domine chacune de ses illustrations, où les cheveux de ses héroïnes sont comme les traînes du temps qui passe, agit sur le regardeur comme un envoûtement. Il se laisse alors emporter dans les flots tranquille de ce lac des légendes d’antan, bercé par les remous d’une eau où la mélancolie du temps présent se mêle aux pouvoirs anciens. Las, il lâchera terre, soulevé par les tourbillons formés des traits et des couleurs que la Danoise manie comme d’autres la baguette de sorcière. Il ne lui reste plus qu’à faire un vœu.
Andrés Magán virevolte, c’est son métier. Grâce à un dessin qui combine les trames et les lignes pures, la science du détail et la maîtrise de la concision, l’action et la stupéfaction, l’illustrateur saute de style en style et d’émotions en émotions. Le trait de l’Espagnol peut se faire cartoonesque, quand il s’agit d’exagérer les réactions de ses personnages ; il peut se faire sombre quand la tendresse vient prendre le dessus. Subtil dans son noir et blanc, il devient volontiers provocateur quand il lui prend l’envie de se mettre à la couleur. Ses cases sont aussi bien remplies de silence que d’un vacarme étourdissant. C’est pourquoi, comme peu, Andrés Magán est agile à raconter le monde dans ses dessins.
On hume dans les illustrations d’Ana Gaman la douce odeur des jours heureux. La Luxembourgeoise a choisi de prendre l’existence par le bon bout et redore ainsi nos âmes cabossées. Le charme de son travail réside dans les couleurs cajoleuses et le trait pur qu’elle utilise. Des formes simples, un goût pour la rotondité des choses et l’ambition de réchauffer les cœurs construisent les saynètes d’un quotidien porté sur la bienveillance et ses correspondances poétiques. La dessinatrice – et, à l’occasion, l’animatrice – y devise sur les beautés de la nature, les élans de la spiritualité et les liens unissent entre les gens de bonne composition. Une œuvre en forme de baume réparateur dont il ressort une force graphique indéniable et une chaleur à toute épreuve. One Gaman’s drawing a day keeps the doctor away.
La géométrie peut être un art de vivre. Le travail d’An Chen en est un bon exemple tant il se saisit des formes et des lignes pour donner corps à ses images. Mariant angles obtus et arrondis obèses, la Taïwanaise, désormais installée à Londres, s’installe sur les rives de la figuration pour scruter attentivement la mer de l’abstraction. Les couleurs puissantes qu’elle utilise maintiennent le regard du spectateur à flots, suivant les tours et détours pris par l’illustratrice pour représenter son sujet. La douceur, toutefois, vient prendre malignement le dessus, grâce à des dégradés subtils et des arabesques volubiles. An Chen crée ainsi des mosaïques d’un genre nouveau où la rigidité des formes servent un dynamisme confondant et où la franche palette chromatique se meut en une caresse graphique. Tout se transforme.
Amery Sandford a l’extrême amabilité d’être à la fois illustratrice et musicienne. Ce qui offre à l’amateur d’art deux fois plus de chance d’être ravi de l’existence sur cette terre de la Canadienne. Par ailleurs, il serait inélégant de notre part de ne pas remarquer que sa pratique du rock’n’roll joue un certain rôle dans son dessin à la fois d’une grande spontanéité et d’une efficacité redoutable. Car vie bout dans ses œuvres. Elle exulte, la vie. Elle fait la fête, elle se déhanche, elle hurle le bonheur d’être ensemble. Traits lâchés, lignes en mouvement et couleurs vivifiantes créent un dynamisme cathartique, une explosion des sens qui redonne tout son sens à l’idée de notre place ici-bas. Et ça fait du bien.
Les dessins et animations d’Alva Skog ne s’embarrassent pas de petits arrangements, de détours et de sous-entendus. Elles sont pleines, entières et viennent frontalement percuter le regardeur. Les perspectives chaloupées de l’ancien.ne étudiant.e de la Central Saint-Martins londonienne, ses couleurs vives et son trait minimal n’ont d’autres objectifs que de délivrer un message sans ambage. Pour lea Suédois.e désormais installé.e à Stockholm, les êtres humains sont grands, fiers et puissants, surtout lorsqu’i·elles se sont enfin délesté.es de l’hétéronormativité et des dictats du genre. Les images aux accents cartoonesques d’Alva Skog donne à voir le monde tel qu’il peut advenir. La beauté, elle, est déjà là.
C’est le choc. À la vue des productions d’Aistė Stancikaitė, le regardeur se prend dans la face le coup de poing esthétique d’une artiste en pleine possession de ses moyens. La Lithuanienne maîtrise ses outils – crayons de couleurs comme pinceaux – à la perfection, à tel point que la bouche reste bée, incapable d’un autre mouvement. Avec patience et précision, celle qui désormais habite Berlin accumule les traits fins et donne à voir des corps en gros plans, des plis et des rides où la lumière joue son rôle naturel de sculptrice de formes. En ressort des images ultra-réalistes, mais d’une réalité qui s’ébroue dans une autre dimension à la mystique métallique, remplie de dieux et déesse sûrs de leur puissance. Et qui nous laissent K.O.
Agnès Hostache sait regarder là où d’autre ne voient pas. L’agencement d’un bureau, une lettre laissée fermée, un café encore fumant, rien ne lui échappe. Les illustrations et livres de cette ancienne architecte d’intérieur déplient patiemment les traces concrètes que nous laissons afin de découvrir ce qui s’y déroule, les murmures des objets valant chez elle les épopées des plus grands conteurs. Pour ce faire, point besoin d’un ramdam de tous les diables. La Lyonnaise tisse entre eux les aplats colorés et les formes simples confectionnant ainsi les tapisseries de notre temps, compte-rendu de nos atermoiements. Par sa magie, ces témoignages des grandes batailles de l’intime deviennent des fables universelles.
Les rêves ont cet avantage qu’ils reposent sur la réalité en même temps qu’ils lui font faire des sauts vers l’inconnu. C’est de cette matière particulière dont est fait le travail d’Abwu, alias Chi Yi Wu. En faisant se percuter les éléments de la vraie vie et leurs mutations spirituelles, la Taïwanaise crée des images à double-temps, sur lesquels les spectateurs posent un pied et laisse l’autre au-dessus du vide. Le foisonnement des éléments permettent au regardeur de picorer là où il le souhaite pour savourer l’une ou l’autre de ces sensations, s’appuyer sur des repères connus et s’évader vers de nouvelles terres. De ces compositions graphiques époustouflantes, aux couleurs vives finement agencées, ressort l’impression qu’un autre monde est possible. Ce qui n’est jamais désagréable.
Les dessins et peintures de Kaja Meyer parviennent sans peine à capter l’impalpable. Ils ont un élan, un souffle, venus directement du ressenti de la Danoise pour se poser délicatement sur la feuille. Ainsi, peu lui importe de confronter abstraction et figuration, de développer de larges paysages ou de s’attacher à l’objet le plus sommaire, pourvu que les mouvements de son âme puissent s’exprimer. Végétal, animal, spectral, tout lui est bon pour créer un univers singulier, la cohérence venant précisément parce que son travail provient directement d’un rapport unique au monde : le sien. Regarder les œuvres de celle qui vit désormais à Hambourg équivaut à regarder notre environnement à travers ses yeux. Le lien entre elle et nous est direct, unique.