Programme
Masterclass
Parmi les artistes invités, des pointures françaises et internationales de l’illustration contemporaine nous accorderont un peu de leur précieux temps afin de raconter leur parcours et de ce qui les a animé en chemin.
SARAH MAZZETTI_Venise, Italie
SAMEDI 7 OCTOBRE • 11H > 12H • traduite en français
Il ne faudra pas trop être à cheval sur les lois physiques et anatomiques. Mais sinon, l’œuvre de Sarah Mazzetti est fortement conseillée. À toute personne qui ne dit pas non à un bon godet de fantaisie et à une livre de beauté servie sur table, nous offrirons volontiers le sublime Giolelli di Elsa (Edizioni Canicola, 2017) où simplicité et expérimentations marchent main dans la main. L’idée derrière chacune des propositions de la native de
Bologne est d’épicer salement la vie. Et pour cela, elle peut aussi bien se servir des préceptes chamarrés du psychédélisme que de l’authenticité du crayonné. Peu importe la jambe sur laquelle elle s’appuie, le reste n’est que danses et galipettes. Perspectives impossibles et proportions surnaturelles encombrent ses compositions amples et généreuses. Et donnent au spectateur∙rices cet air un peu idiot que provoque l’admiration.
RAMAN DJAFARI_Berlin, Allemagne
SAMEDI 7 OCTOBRE • 12H30 > 13H30 • traduite en français
Il y en a des choses à voir dans les dessins de Raman Djafari. De grands personnages gélatineux, des constructions impossibles, des couleurs enchanteresses et de nombreux éléments épars se baladant au gré du vent s’emmêlent et font craqueler le sol du réel. Les couches s’y superposent et apportent chacune un bout d’histoire, une problématique nouvelle et des sentiments en pagaille. C’est bientôt toute la maison qui s’effondre et l’espace dégagé vous laisse voir les songes de Raman Djafari. Ni vraiment figuration, ni totalement abstraction, les dessins de l’artiste berlinois·e, par ailleurs animateur·rice, sont des portes ouvertes vers
un surréalisme tendre fait de transes poétiques et de fantastique câlin. Aussi intrigantes dans
la forme que dans le fond, les illustrations de Raman Djafari sont une expérience marquante dont il vous sera bien difficile de vous défaire.
MARÌA MEDEM_Séville, Espagne
SAMEDI 7 OCTOBRE • 14H > 15H • traduite en français
Il se dégage une sérénité peu commune des dessins de Marìa Medem. Il faut dire qu’elle sait y faire pour nous installer confortablement dans son monde. Femme de peu de traits, avec le sens du découpage et admiratrice du choc des couleurs, elle fait sienne l’admirable devise « less is more ». Avec cette économie de moyens, l’Espagnole invente à l’envi des mondes impossibles dans lesquels elle place des personnages en quête d’un passé révolu et d’un avenir impalpable. C’est le cas dans ses trois BD sorties en France, Échos et Cedars chez Fidèle éditions et Zénith chez Rackham. C’est le cas, aussi, dans ses contributions pour les plus prestigieuses revues internationales à l’image de Cold Cube (Cold Cube Press) et de Now (Fantagraphics). Se perdre n’a jamais été aussi bon.
ZELOOT_La Haye, Pays-Bas
SAMEDI 7 OCTOBRE • 15H30 > 16H30 • traduite en français
Eline Van Dam, alias Zeloot, voit grand, voit gros, voit fort. Chacune de ses images a pour objectif l’effet bœuf, cette sensation soudaine d’être emporté∙e par un visuel puissant et extraordinaire. L’illustratrice et graphiste néerlandaise use pour cela de son talent de compositrice, de la force de ses couleurs et de la maîtrise de ses formes. Réinventant le psychédélisme pour notre époque, elle ne lésine pas sur les dysmorphies et les points de vue audacieux pour toujours créer la surprise et kidnapper les regards. Ainsi, les spectateur∙rices se retrouveront, incapables de détourner les yeux de ces œuvres et en redemanderont, en se léchant les babines de ce délicieux goût acidulé que laisse le travail de Zeloot.
ALICE METEIGNIER_Paris, France
DIMANCHE 8 OCTOBRE • 10H30 > 11H30
Les circonvolutions et les mignardises ne sont pas pour les gens comme Alice Meteignier. Elle préfère de loin le brut de décoffrage. Elle dessine, elle trace, elle colle, elle tamponne et il faut que ça se voie. La texture si particulière de ses travaux s’allie en outre à l’amour des prises de vues inédites et des proportions fantaisistes. Ses productions prennent ainsi corps dans le monde réel, viennent choquer les dimensions entre elles et laissent une empreinte indélébile pour celui ou celle qui les regarde. Cette propension à la percussion n’enlève pourtant rien – et c’est là que se niche la magie – à la mignonnité de ses compositions et à l’efficacité de ses contrastes noir pétrole/couleurs explosives. Ainsi brille-t-elle autant dans la littérature jeunesse (Max et Marcel chez MéMo en 2016) que sur les murs des ateliers chics (Tzara à Paris en 2022). Comme quoi, le naturel qui fonce au galop, ça a du bon.
CRISTINA DAURA_Barcelone, Espagne
SAMEDI 7 OCTOBRE • 17H > 18H • traduite en français
Ne surtout pas se fier à sa première impression. Les couleurs flashy et les formes simples dont use la Barcelonaise ne doivent vous dévier d’une attention plus soutenue. Les contrastes chromatiques, les éléments ultra-lisibles et le modernisme de la composition fabriquent des images à l’impact fort et au charme immédiat. Pourtant, l’important chez Cristina Daura, c’est le déséquilibre. Car à cette première impression de netteté vient s’ajouter une sorte de malaise. Les couleurs sont trop tranchées pour être honnêtes, la lecture plus complexe qu’il n’y paraît et cette iconographie enfantine met un poil mal à l’aise. Eh oui, les images de Cristina Daura sont aussi belles que détraquées, ne paraissant fortes que pour en accentuer la fébrilité. Une claudication qui lui ouvre les portes des plus prestigieuses publications au monde ainsi que le cœur de nombreux·euses admirateurs·rices frappé·es par ce jeu de dupe au pouvoir saisissant.
TOM HAUGOMAT_Montreuil, France
DIMANCHE 8 OCTOBRE • 12H30 > 13H30
Qu’il fasse tout tout seul, comme pour son livre À travers chez Thierry Magnier, ou qu’il s’appuie sur le ragoûtant texte de Jim Dodge pour les illustrations de Fup sorti aux éditions Tishina, Tom Haugomat a ceci de formidable qu’il ne déçoit jamais. Il a, manifestement, trouvé la clé. Un détail croustillant ici, puis une composition tout en majesté qui se greffe autour et voilà que l’illustration se déploie dans son implacable efficacité. Le Parisien n’a plus, ensuite, qu’à habiller tout cela des larges aplats de couleurs franches qui font sa réputation et la magie opère partout et pour tous. C’est aussi cela, la force de Tom Haugomat : réaliser des œuvres qui viennent parler la même langue au quidam dans la rue qu’au grincheux du dessin, critique trop esthètes. Le discours cajole l’un comme l’autre et rend aux deux individus le sourire qui n’aurait jamais dû quitter leur visage. Ce qu’ils viennent de voir est beau et a rempli leur âme pour de précieux instants.
ANGELA KIRKWOOD_Edimbourg, Écosse
DIMANCHE 8 OCTOBRE • 14H > 15H • traduite en français
Angela Kirkwood possède toutes les qualités d’un Père Noël. Comme lui, elle n’est là que pour le bien des autres. Comme lui, elle tend à rendre le monde meilleur en offrant joies et sourires aux peuples du monde entier. Mais elle, au moins, bosse un peu plus qu’un seul jour par an. Ainsi, l’illustratrice et animatrice installée à Edimbourg peut pourvoir toute l’année les yeux ébahis en images efficaces, drôles et touchantes. En un mot, fun. Grâce à des personnages aux expressions surlignées, à des couleurs extra-chocs et à un dessin à la naïveté maîtrisée, l’Écossaise vient faire fléchir les zygomatiques et décrisper la ride du lion. La force graphique de ses compositions et la tendresse de ses sujets sapent l’anxiété et la colère qui s’envolent comme par magie. Le voilà, son cadeau. Ne reste qu’à le déballer.